Une communication chimique remarquablement développée expliquerait le succès évolutif des fourmis. Ces insectes posséderaient en outre un odorat particulièrement fin grâce à un nombre exceptionnellement élevé de récepteurs olfactifs. Pour le démontrer, des essais vont être menés... sur des œufs de grenouilles.
L’odorat des fourmis révélé par le génome
Les génomes complets de deux espèces de formidés, Camponotus floridanus et Harpegnathos saltator, ont été totalement séquencés en 2010. Un procédé automatique a permis d'y retrouver toutes les informations génétiques codant pour des récepteurs antennaires. Les premiers résultats, dont la découverte de 100 gènes d'OR et de 10 gènes de GR chez Camponotus floridanus, ont intrigué les chercheurs, étant anormalement bas. Un nouveau protocole automatique, mais validé par un contrôle humain, a donc été établi.
Harpegnathos saltator et Camponotus floridanus posséderaient respectivement 377 et 407 gènes codant pour des protéines présentant une affinité pour des composés chimiques volatils, i.e. des odeurs. Par comparaison, les abeilles en ont 174, les moustiques 74 à 158, les drosophiles 61 et les papillons bombyx 52. Les valeurs obtenues pour les GR et les IR étaient quant à elles dans la moyenne. Cet équipement génétique dote les fourmis du meilleur des odorats d'insectes.
Une nouvelle phase de recherches va maintenant débuter : il faut déterminer les signaux chimiques faisant réagir chaque récepteur. Ce long travail a commencé et le protocole expérimental a déjà été testé pour plusieurs de ces récepteurs. Il est original : des gènes ciblés ont été injectés dans un ovule de grenouille. Ils ont alors été transcrits, traduits puis exprimés à la surface de l'œuf.
Il ne reste plus qu'à rechercher les odeurs activant ces protéines et donc provoquant la production d'un faible courant mesurable. Et cela fonctionne ! L'huile d'anis, une substance naturelle utilisée comme répulsif pour les insectes, ferait bien réagir des récepteurs olfactifs chez la fourmi sauteuse Harpegnathos saltator. Le test s'est également révélé positif pour la viande de bœuf cuite chez les Camponotus floridanus... de sexe féminin. Personne ne sait pourquoi.
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