Les fourmis dites « légionnaires » sont des fourmis étonnantes. Contrairement à la grande majorité des fourmis comme les fourmis des bois qui ont des nids construits et fixes, ces fourmis n'en ont tout simplement pas. Ce sont des rassemblements temporaires appelés bivouacs ! Elles sont aussi appelées fourmis migratrices ou fourmis voyageuses. Ce sont des chasseuses redoutables qui suivent un mode d'opération bien précis.
La formation des bivouacs est très spectaculaires. Quelques ouvrières grimpent sur des branches près du sol se laissent pendre dans le vide, d'autres les rejoignent et s'accrochent à l'aide de leurs griffes aux fourmis précédentes. Les chaînes ainsi formées fusionnent en grossissant générant une masse ovoïde qui peut atteindre la taille d'un ballon de basket. Au matin, pour défaire le bivouac, le phénomène se reproduit mais à l'inverse.
La deuxième particularité de ces fourmis est d'alterner des périodes nomades et sédentaires. Pendant la période sédentaire, l'abdomen de la reine gonfle sous la pression des ovaires. Elle entre alors dans une période de ponte. 20 jours plus tard (+/- 1 jour), la phase nomade intervient puisqu'il faut trouver de la nourriture pour les larves qui viennent d'éclore. La période nomade est une période où la colonie se déplace pour trouver de la nourriture. Mais en période sédentarisé, la reine ne peut plus se déplacer à cause de sa taille, il faut donc chasser pour ramener l'alimentation chaque jour vers le bivouac. Les raids de chasse s'organisent en rayon autour du nid. Le raid du lendemain ne doit pas avoir lieu sur le même emplacement pour maximiser les chances de trouver des proies, le trajet doit donc se décaler d'un angle donné.
Le polymorphisme des ouvrières est mis à profit pour optimiser la récolte. La zone de chasse est une litière avec un terrain accidenté parsemé de trous qui gêne la progression de la colonne. Une ouvrière dont la taille correspond à la taille du trou s'y aplatit nivelant ainsi le trajet. Ces ponts vivants augmentent de 26% la masse des proies ramenées au nid.
Mais ce n'est pas tout, chez les Eciton burchelli, chaque type d'ouvrières a également un rôle bien précis. Alors que les ouvrières sub-majors (plus petites que les majors mais plus grandes que les médias) ne représentent que 3% de la population, elles assurent à elles seules 26% du transport des proies. Elles sont donc spécialisées dans le rapatriement du butin. Les ouvrières majors qui représentent 5% de la population d'une colonie constituent 25% de l'effectif de la garde de la reine qui ne doit absolument pas mourir faute de quoi la colonie disparaîtrait étant donné que ces espèces sont monogynes. Ces ouvrières sont également capables de percer la peau humaine. Les Indiens d'Amérique du Sud les utilisaient pour suturer les plaies, comme des agrafes chirurgicales.
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