Alimentation des fourmis

 Les fourmis présentent une incroyable diversité de régimes alimentaires. Bien qu'elles tirent parti de tout ce qui peut être consommable, il existe une série de gradation entre la plus large polyphagie et une monophagie quasi stricte. En général, les fourmis primitives sont insectivores, les groupes moyennement évolués omnivores tandis que l'on rencontre dans les familles supérieures des régimes très particuliers.

Les fourmis insectivores

Les fourmis tirent pour une large part de leur subsistance aux dépens des autres insectes. Beaucoup d'entre elles exercent leur activité de chasseresse sur tous les Arthropodes qu'elles peuvent capturer. Des familles entières : Ponérides, Dorylides et certains Formicides figurent parmi les plus grands prédateurs.

Les ouvrières de Ponérides chassent sans relâche autour du nid pour nourrir les larves dans la plupart des cas, en effet, les adultes se nourrissent de nectar et autres matières sucrées.

Une famille de fourmis surpassent toutes les autres en férocité, ce sont les fourmis légionnaires ou Dorylides.

Cette famille comporte deux tribus :

•  les Dorylini surtout africains et représentés principalement par les Anomma 

•  les Ecitini avec le genre Eciton, leurs homologues néotropicaux




Elle exécute des migrations massives, ou raids, groupés en colonne immenses et faisant fuir tous les animaux et même les grands mammifères.

Les Dorylides n'édifient jamais de fourmilières ; elles mènent une vie nomade établissant des « bivouacs » provisoires où elle demeurent quelques jours. Le nid est une masse d'ouvrières agglomérées les une aux autres par les mandibules à l'intérieur duquel elles laissent libres des canaux ou circulent les autres ouvrières, des chambres sont également aménagées. 
Les Dorylides sont uniquement carnivores, les grosses proies sont dépecées sur place tandis que les petits insectes ont les pattes et les ailes coupées pour les empêcher de fuir.

Sans être aussi redoutables que les fourmis légionnaires, les Formica Rufa de nos régions sont de très actifs entomophages. Bien que leur régime alimentaire soit mixte, une grande partie consiste en des insectes capturés morts ou vifs. Les fourmis rousses arrivent à vaincre des insectes bien plus grands qu'elles en les aspergeant de leur sécrétion venimeuse (l'acide formique) qui les paralyse.



Les fourmis granivores
Les fourmis moissonneuses se rencontrent surtout dans les régions du monde à climat tempéré sec. Elles sont particulièrement abondantes dans les régions méditerranéenne : Messor , Oxyopomyrmex ,Pheidole , certains Solenopsis .

Les colonnes de ces fourmis cheminent en double file, souvent sur une centaine de mètres. Au retour à la fourmilière, chacune porte une graine ou capsule ou akènes. Les grains récoltés sont stockés dans des greniers souterrains particulièrement étanches. Chez les Messor structor dont le nid est moins hydrofuge, il est fréquent de voir les graines entassées près de l'orifice du nid après un orage pour qu'elles sèchent afin d'éviter leur germination.



Les ouvrières ne consomment généralement les graines qu'une fois ramollies, dans la plupart des cas, les individus majors broient les graines et les ouvrières confectionnent des boulettes farineuses de couleur brune ou noire à partir de l'endosperme qui leur servent d'aliment.

Les fourmis éleveuses de bétail
Les pucerons représentent de bien curieux bétail : ce sont en effet de minuscules insectes aux pièces buccales extrêmement spécialisées, transformées en un rostre avec lequel ils piquent les végétaux pour se nourrir de leur sève. Les pucerons en ingèrent des volumes importants : aussi, leurs excréments que l'on appelle le miellat contient énormément de sucres.


Les fourmis en sont très friandes et caressent leur abdomen avec les antennes et les pucerons stimulés évacuent par leur orifice anal une goutte transparente que les ouvrières aspirent avidement.

A l'exception de quelques Myrmicides qui lèchent le miellat au hasard des rencontres, les fourmis en font un élevage intensif : certaines ouvrières sont préposées aux fonctions de gardiennes et veillent sur leur bétail en éloignant les ennemis (coccinelles, acariens, punaises,…) et en les déplaçant sur les pousses en voie de croissance, gorgées de sève, pour les transporter, elles les saisissent entre leur mandibules par-dessous l'abdomen.



De nombreuses espèces construisent des abris en terre ou en carton pour protéger leur bétail.

L'hiver venu, elles entassent les œufs des pucerons dans leurs chambres souterraines et le printemps suivant, transportent les nouveaux nés sur des jeunes plants.

Les fourmis champignonnistes
Ces fourmis des régions tropicales et subtropicales du Nouveau Monde appartiennent à une tribu de Myrmicides, les Attini , dont toutes les espèces connues pratiquent la culture des champignons. L'association est vraiment symbiotique car les insectes fournissent au champignon le substrat nécessaire à sa croissance (les ouvrières constituent une meule avec diverses substances végétales : feuilles lacérées et triturées, fragment de bois, de racines ou de tubercules) et l'ensemencent avec du mycélium ; en retour, le végétal fournit aux insectes leur nourritures car les fourmis se nourrissent uniquement des renflements de mycélium ou mycotêtes et s'en servent pour alimenter leur larves.


Elles doivent leur nom de « Fourmis parasols » à leur habitude de cheminer en transportant des morceaux de feuilles bien plus grand qu'elles.

Les fourmis incisent toujours le limbe foliaire en arc de cercle, en sciant les nervures ; la feuille est découpée après 5 min de travail et est ramenée à la fourmilière, elles sont ensuite fragmentées et triturées pour confectionner des boulettes pâteuses.

Les jardins à champignons sont aménagés dans des chambres souterraines atteignant souvent 20 cm de diamètre (pouvant atteindre 1m de longueur et 30 cm de largeur). La meule est une masse spongieuse qui ne touche jamais aux parois de la chambre. Le substrat de feuilles mâchées est recouvert et traversé par des filaments mycéliens, de couleur bleu-noirâtres. Ce mycélium présente de très nombreux épaississements ; les mycotêtes ou choux raves, qui constituent l'unique nourriture de ces fourmis.



Les fourmis entretiennent une culture pure, éliminant toute moisissure autre que l'espèce cultivée.

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